Comment réduire les coûts et, si possible, l'empreinte écologique de l'entreprise ?

1. Allonger la durée de vie des postes de travail

On ne le répétera jamais assez : 80 % de l'empreinte écologique des équipements informatiques et télécoms se concentre lors de leur fabrication et, dans une moindre mesure, de leur fin de vie. La phase d'utilisation est négligeable. La fabrication d'un Macbook Pro 15 pouces émet par exemple 90 fois plus de gaz à effet de serre qu'un an d'utilisation en France. Par ailleurs, les coûts cachés liés au renouvellement des postes de travail sont importants.

Dans ce contexte, il suffit d'allonger la durée de vie active des équipements pour réaliser d'importantes économies, tant d'un point de vue financier qu'écologique. C'est un geste simple puisqu'il nécessite surtout de... ne rien faire. Sur 15 ans et pour 2 000 postes, passer de 3 à 5 ans d'utilisation permet d'économiser près de 3 millions d'euros (environ 200 000 euros par an) et 1 600 tonnes de gaz à effet de serre (environ 100 tonnes par an). Pour éviter que les PC « rament » il suffit d'ajouter de la mémoire vive, tout simplement.

2. Eteindre les PC la nuit

Le déploiement d'une stratégie de groupe (ou GPO pour Group Policy Object) permet d'éteindre les ordinateurs la nuit, par exemple de 21h à 7h du matin. Cette opération ne coûte quasiment rien à mettre en place. Sur 2 000 poste de travail pendant 15 ans, elle permet pourtant d'éviter l'émission de 169 tonnes d'équivalent CO2 et d'économiser 225 000 euros. A raison de 10 heures de repos par jour, le matériel s'use aussi moins vite, ce qui contribue à allonger sa durée de vie active.

3. Imprimer mieux pour imprimer moins

L'impression est l'un des premiers postes d'un budget informatique. Elle peut représenter jusqu'à 1 200 euros par an et par employé, et, selon l'activité de l'entreprise, jusqu'à un tiers des émissions de gaz à effet de serre de son système d'information. La réduction des volumes d'impression est donc intéressante tant d'un point de vue écologique qu'économique. D'autant qu'il suffit, pour commencer, de paramétrer par défaut en noir et blanc, mode économique (brouillon) et recto-verso, les imprimantes existantes. Cette simple action réduit généralement le budget impression de 15 à 20 % sans déployer de solution technique supplémentaire !

Pour imprimer moins, il faut cependant aider les utilisateurs à imprimer mieux. C'est à dire les former. Par exemple à l'impression sélective dans Word (sélectionner uniquement les pages ou le bloc de texte sélectionné que l'on souhaite imprimer) et à la création de PDF avec un outil gratuit tel que PDF Creator. Investir un peu de temps sur la conduite du changement dans ce domaine permet de réaliser d'importantes économies dans le temps.

4. Pratiquer la sobriété fonctionnelle et applicative

On l'oublie trop souvent : c'est la traduction des besoins fonctionnels des utilisateurs sous la forme d'un logiciel qui induit le dimensionnement des infrastructures techniques (bande passante, nombre et puissance des serveurs, baies de stockage, etc.). Amener les utilisateurs à plus de raison peut paraître être un geste anodin, mais il a un impact économique et écologique fort.

Un traitement de texte « simple » qui couvre 80 % des besoins de 80 % des utilisateurs ne demande pas plus de 15 Mo d'espace disque et consomme à peine 32 Mo de mémoire vie. Sans compter qu'il fonctionne sur un quart de la puissance processeur d'un smartphone ! La sobriété fonctionnelle des applications métier se traduit donc par la possibilité de conserver ses ordinateurs (poste de travail, serveurs, etc.) quasiment ad vitam aeternam. Et ce d'autant plus si l'entreprise pratique en plus une forme de « sobriété applicative » : la suppression régulière des logiciels inutiles permet de récupérer des licences tout en libérant des ressources sur les postes de travail et sur les serveurs.

* Frédéric Bordage est également l'auteur du livre : Éco-conception web : les 100 bonnes pratiques, Eyrolles, 2012. Découvrez son blog : www.greenit.fr


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